mardi 30 juin 2009

le roi Charles VII devant Tartas



Au jour dit, ils virent sur la lande le roi de France et son armée. Cent vingt bannières, cent vingt comtes, barons, seigneurs se trouvèrent sur cette lande autour de Charles VII .Tous ces Gascons qui s’étaient crus loin du roi, dans un autre monde, commençaient à sentir qu’il était partout
(Jules Michelet –Histoire de France )

L’an mil. CCCC. e. XLII. en lo temps d’estyu enbiron Sent Johan Baptista bingut lo rey de Fransa en lo pays de las Lanas an grant poyssansa e era an luy lo daufin son filh, lo conte de Foys, lo conte de Pardiac, lo senhor de Labrit, lo filh deu conte d’Armanhac, La Ira, Poton de Sentalharo e grant ment an grant multitut d’autres grans senhors e an grant poyssa, e cororen lo pays e prengoren la vila de Sent Sebe ont era dedens lo senescaut de Bordeu e grant cop d’autra gent, e la prengoren d’assaut. Item d’aqui en foro ban s’en anar dabant Ax e prengoren lo d’assaut, e dedens era mossenhot d’Usa senescaut de las Lanas,e fo pres e son filh e grant cop d’autras gens.


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lundi 29 juin 2009

retour sur le passé

Depuis qu’en 1152, Aliénor, la fille du dernier duc d’Aquitaine a épousé Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre, la province est rattachée à la couronne anglaise et devient le duché de Guyenne.
Mais, en 1337, le roi de France Philippe VI de Valois en proclame la confiscation. Edouard III d’Angleterre dénonce alors l’hommage prêté et revendique la couronne de France en sa qualité de petit-fils de Philippe le Bel.

Ainsi s’ouvre le conflit devenant la Guerre de Cent Ans.

Presque cent ans plus tard, Charles VII, déclaré bâtard, banni, déshérité par son père au profit du roi d’Angleterre, et qui n’est plus que « le petit roi de Bourges », se fait pourtant sacrer roi de France après les succès offerts par Jeanne d’Arc. Il entreprend alors d’asseoir sa légitimité contestée et sa situation militaire pour se consacrer à la reconquête de son royaume.

Pour l’heure, seule la région entre Bordeaux et Bayonne demeure anglaise. Mais c’est l’époque des bandes de routiers, des « écorcheurs » et des « grandes compagnies ». Depuis plus de dix ans le pays est livré à des bandes de pillards, avec à leur tête de redoutables chefs de bandes écumant la région aussi bien pour le compte des Français que pour celui des Anglais, et surtout pour leur propre compte. Charles d’Albret lui-même, entreprend, à la tête de routiers et cavaliers, de ravager le pays des Lannes, le Bordelais et le Médoc, au nom du roi de France, à partir de son château de Tartas dont il est resté maître et où il a placé une forte garnison. « et d’aqui en fore feyt guerre orrible et desresonnable et grandement destruyt lo pays de ladite seneschausie de las Lanes »

samedi 27 juin 2009

château et ville de Tartas



Située entre Dax et Mont de Marsan, la place de Tartas appartient aux sires d’Albret vassaux et alliés du roi de France.
La ville est scindée en deux par la rivière nommée Midouze. Une ville haute ceinte d’un rempart est perchée sur une terrasse, sur la rive gauche. A l'intérieur et dans la partie nord de cette ville haute se trouve le château vicomtal, dans l’angle formé par la Midouze et un ruisseau encaissé complétant le dispositif défensif. Pourvu d’un gros donjon à contreforts d’angle, il est lui-même muni d'une enceinte pourvue de trois tours. Le rempart de la ville haute est pourvu de deux portes: l'une au sud, l'autre en bordure de la rivière, à l'extrémité d’un pont de bois la reliant à la ville basse située sur la rive droite. Cette dernière, constituée d’un bourg disposé de part et d'autre d'une longue rue parallèle à la rivière,.est également ceinturée par une muraille, doublée d'un fossé, et percée d’au moins quatre portes (la porte de Bégaar au sud-ouest, la porte de Vacher à l’ouest, la porte du Bourg-St-Jean au nord, et la dernière située à l'entrée du pont).


ce qu'il en reste...

vendredi 26 juin 2009

le siege par les anglais

Les Anglais ne peuvent laisser la place de Tartas à l’ennemi, dans une région dont ils sont les maîtres. Aussi, entreprennent ils de s’en emparer pour renforcer leur frontière méridionale et aussi pour tire vengeance des courses et agressions répétées du sire d’Albret. Ils assemblent dans le bordelais et les marches voisines une armée de cinq à six mille combattants anglais et gascons. Cette armée est sous les ordres de Gaston de Foix-Grailly, captal de Buch, de Jean Holland comte de Huttington, récent lieutenant général du roi Henri VI en Guyenne, qui vient de débarquer à Bordeaux avec des renforts, d’Edmont Beaufort comte Dorcet, amiral, et de Thomas Rampston le sénéchal résidant à Saint Sever. Le siège de Tartas est mis « lo darer jorn deu mes d’ahost daren passat » - le 31 aoùt1441 - par Thomas Rampston, cent hommes d’armes et quatre cents archers, avec l’appui de « canons, engins volans et autre artyllerie ». Le siège de la ville défendue par Charles II d’Albret, dure un mois selon Jean de Wavrin, puisant dans la chronique de Monstrelet, « devant laquele ilz furent bien ung mois, ycelle combatant et oppressant par pluiseurs assaulz et divers engiens» Pourtant, selon la chronique d’Alain Chartier « y tindrent le siège l’espace de six ou sept moys ou environ » - Dans une supplique des habitants datée de 1456 les habitants confirment en rappelant qu’ « à ceste occasion ont ésté assiégéz l’espace de six mois par les Angloys ». De même, un texte contemporain précise bien que des deux Etats de la sénéchaussée des Lannes ont supporté le paiement des gages des soldats assiégeants pendant six mois.
Dans leurs suppliques, les habitants rappellent les dégâts occasionnés par le siège de la ville, durant lequel « ésglises, hospitalz, murailles et maisons ont esté diruiz et abattuz dedans et dehors, vignes, jardins …tant qu’il n’y demoura arbre qui portast fruict, pluseurs personnes mors d’armes, de faim et de povreté » Charles d’Albret et le vicomte de Lomagne, fils du comte d'Armagnac, pour faire lever le siège, ravagent la Chalosse et en particulier les terres du seigneur de Lescun, lieutenant du sénéchal, notamment Coudures, Audignon, Sainte Colombe et Eyres.

jeudi 25 juin 2009

la composition conclue

Mais, de fait, constatant que le château était « for et imparable et provedit de vivres de qui a la feste de Sen-Johan prosuianguient » le sénéchal entre en négociation avec le sire d’Albret « per le moyen de notables gens » Charles d’Albret dont les hommes sont épuisés par une longue résistance et les sorties infructueuses, doit se résigner à accepter les pourparlers. Il confie alors à Jean V, comte de Lomagne, le soin de négocier un traité de capitulation honorable. Ces pourparlers s’ouvrent à Saint-Sever entre les gens des Lannes et les émissaires français, dont Estevenot de Talauresse dit Vignolles (qui serait un neveu de la Hire). Une convention est scellée par Charles d’Albret le 3 janvier à Coudures, puis par Thomas Rampston le lendemain, et enfin le 20 janvier par le lieutenant général du roi d’Angleterre en Guyenne.
Une trève de trois mois est conclue et une sorte de gouvernement provisoire est institué. La ville est remise en la main de Charles, le fils cadet du sire d’Albret et seigneur de Sainte Bazeille. En raison de son jeune age, il est placé sous la tutelle, autorité et garantie du seigneur Louis de Cauna (Louis de Marsan) et d’Augerot de Saint Per ( Pée)  fils d’un bourgeois de Bayonne, du parti anglais, ainsi que Louis d’Aspremont, Pierre de Castelnau, Pierre-Arnaud de Béarn, Arnaud-Guillaume de Caupenne et Esteven de Talauresse, bailli de Tartas. Il est alors convenu que la ville serait rendue au parti de ceux des deux rois de France ou d’Angleterre qui y seront présents et les plus puissants au terme de la trève devant prendre fin au premier jour du mois de mai suivant. Si ceux là sont les anglais, Tartas et toutes les autres villes (les places de Fozre, Labrest, Caseneufve et Aglaz ), terres et seigneuries d’Albret (la vicomté de Tartas, Oribac, Gamarde, Ponthieux, Roux, Jehansac, Gironde, Chasteauneuf de Serves,Durance ) seraient attribuées au cadet Charles, lequel devrait faire serment de fidélité au Roi d’Angleterre. Si celui-ci refusait de prêter serment il ne serait quitte qu’en rendant le tout aux anglais, sauf si le roi de France venait à son secours au jour dit. Il est probable que les négociateurs anglais doutent de voir un monarque jugé indolent conduire une armée depuis la Normandie jusqu’au sud de la Gascogne. Durant la suspension des hostilités, les habitants de Tartas peuvent entretenir toutes les relations, communiquer et marchander avec le Bordelais et la Guyenne, sans sauf conduits et congés Ces conditions sont signifiées aux deux rois. Le sire d’Albret demande naturellement aide et secours à Charles VII Les Armagnac, Foix, Comminges et Albret regardent cette affaire comme étant personnelle et d’honneur. Il est donc important pour le roi Charles VII de ne pas abandonner le seigneur Charles II d'Albret. Celui-ci, propre fils du Connétable Charles 1er d’Albret tué à la bataille d’Azincourt en 1415, a combattu auprès de Jeanne d’Arc à Orléans, Beaugency et Patay. Parain du roi, il a même porté son épée lors du sacre. . Ce seigneur est aussi un puissant allié dans la province dès que les Anglais paraissent vouloir se mettre en campagne sur les terres de Guyenne restées françaises, se mettant aussitôt à cheval avec ses vassaux pour les combattre. Aussi, Si le roi ne venait pas à son secours , il est probable que le seigneur d'Albret serait contraint de s'accommoder avec les ennemis; et cet exemple pourrait déterminer les comtes d'Armagnac et de Comminges à en faire autant, de peur de voir ruiner leurs terres.

mardi 23 juin 2009

la marche sur Tartas




Depuis Saumur, Charles VII prend l’engagement de se présenter devant la ville à l’échéance fixée au premier jour du moi de mai 1442 afin d’offrir et tenir bataille. « la besogne luy touchoit moult grandement. Car se il eust délaissié ycelle journée sans y bailler souscours, il estoit en pril et en adventure de perdre ès pays de Guienne et de Gascogne très grand partie des signuries à luy obeissans, et avec ce les nobles d’yceulx pays »

A cet effet le roi convoque les milices du royaume. Alors qu’il est en Poitou et Saintonge il écrit de Bressuire dès le 17 janvier à tous ses barons de Languedoc et à ses cousins d’Armagnac, de Comminges, de Foix, de Lomagne et d’Albret et les invite à rassembler « tous ceux ayant coutume de s’armer et de suivre les guerres » et les convoque pour le 1er avril à Toulouse. Galobie de Panassac, le sénéchal de Toulouse, et le sire du Bourg sont chargés et de mobiliser la noblesse et les communes du Languedoc.

« le Roy a promis a monseigneur de Lebret de secourie sa ville et chastel de Tartas ... et a esté prins jour au premier jour de may, pour secourir ladicte place ou icelle rendre; et est la intencion du Roy de tenir ladicte journée »

« le Roy ne puet deleesier que il ne secoure ladicte place et que de ce faire a baillé son sceelé; laquelle journée est signifiée aus Anglois, passé a deux mois, ainsi que le traixté le portaoit; et faut que le Roy soit devant ladicte place de Tartas devant ledit premier jour de may et pour le myeux »

.

Le terme primitivement fixé au premier jour du mois de mai est reporté à la Saint Jean. Ce report aurait été demandé par les capitaines anglais selon la chronique de Monstrelet. Charles VII, occupé par ailleurs, diffère sa venue. Son armée est rassemblée en effet sans la participation des princes de sang , les ducs de Bourgogne, d’Orléans, de Bourbon et d’Alençon, près à se liguer contre lui, cependant que le comte Jean III d’Armagnac négocie par ailleurs pour leur compte avec le roi d’Angleterre Henri VI, offrant même sa fille en mariage

Voulant empêcher les désordres résultant de la concentration de gens de guerre, Charles VII ordonne de les disperser en leur assignant un autre lieu de rassemblement à Limoges où il se rend en mai.

Il quitte Limoges à la fin du mois, le 2 juin il est à Figeac, et fait son entrée solennelle à Toulouse le 8 juin 1442. Il y retrouve rassemblée toute la noblesse du Languedoc et de la Guyenne française.
« Et pour vray …il fut trouvé qu’il povait bien avoir le nombre de quatre vins mil chevaulx, avec tres grand nombre de charios et de charettes menans artilleries, vivres et aultres engiens et habillemens de guerre »

Bien sûr ce chiffre est erroné ou exagéré. La chronique du hérault Berry mentionne « quatre mille lances et huict mille archers et aultres huict mille combattants, tant arbalétriers que coustilliers ». Ce qui peut représenter, si on les additionne, environ trente deux mille hommes, sachant qu’une lance est composée d’au moins trois combattants, non compris les pages et valets. Les coutilliers sont les hommes armés d’une épée accompagnant les hommes d’armes

Lors de la création des compagnies d'ordonnance en 1445, une lance était composé d'un chevalier, d'un page ou écuyer, de trois archers, d'un coutilier et d'un sergent d'armes tous à cheval mais combattant à pied. Soit pour cent lances, 700 hommes par compagnie

Informé que les anglais ne sont pas en capacité de lui opposer une force suffisante, Charles VII décide de marcher sur Tartas avec seulement une partie de cette armée afin que le ravitaillement en soit moins lourd. « Si sé parti dudit lieu de Toulouse, a tout environ seize mille chevaulx » La Hire quitte la ville le 11 juin.


Un corps d’armée sous les ordres du Connétable descend sur la gauche la vallée de l’Adour par Riscle Aire et Grenade, contournant Saint-Sever occupé par les anglais, et évitant d’avoir à franchir l’Adour. L’aile droite conduite par le roi passe par Auch, Vic, Nogaro, le Houga. Les compagnies s’échelonnent à petites journées, suivant plusieurs routes parallèles. Sur leur passage plusieurs places leur refusent obéissance sans pouvoir arrêter la chevauchée.

La jonction des deux corps d’armée se fait à Mont de Marsan. Charles VII y loge le 21 juin. La Hire fait sa jonction avec l’armée royale le 22 juin après avoir combattu , selon la tradition locale, une bande de routiers anglais et donné, dit-on, l’assaut à la motte et château du Tuc d’Auros à Ygos

samedi 20 juin 2009

le roi "tient journée"




Après être passé par Mont de Marsan, le roi loge dans le bourg fortifié de Meilhan tenu par le comte de Foix , le camp de son armée étant installé aux abords du village . Dès le lendemain, les troupes se rendent sur la lande de Tartas par les chemins longeant la Midouze.

« Et avec ledit connestable faisoient l’avant-garde, c’est assavoir le seigneur de Lohiac ( André de Laval) et de Jaloingnes (Philippe de Culant) le seigneur de Cotigni, admiral de France, le seigneur de Villierss, le seigneur de Montgascon, le seigneur de Saint Priach, le seigneur de Calenton, le seigneur de Saint Vallier, le seigneur de Baudemont »
et autres capitaines et vieux routiers de guerre comme
« La Hire, Pothon de Xaintrailles, Anthoine de Chabennes Olivier de Cotigny, le seigneur de Blanville et son frère messire Robert,Blanchefort, Pennesach, Floquet, Joachim Rohault, Pierre Renauld, Mathelin de Lescouan, Dimenche de Court et moult d’aultres nobles hommes de grand renom »

Arrivées en vue de la ville haute et sachant que les Anglais ne seraient pas au rendez vous les troupes ne se mettent cependant pas en ordre de bataille, « excepté chacun par soy ».

Nous sommes le Samedi 23 juin 1442, « vespre » de la Saint Jean Baptiste (vespre ou vigile étant la veille d'une fête religieuse importante )

« Et y fut depuis le matin jusques entre X et XI heures devant nonne ».
( None étant la neuvième heure canoniale du jour, la première heure Prime étant à six heures du matin; cela pourrait correspondre à 23 heures solaires de l’époque )
Le roi est accompagné en cette journée du dauphin son fils, le futur Louis XI, de Charles d’Anjou, du comte du Maine, du connétable Arthur de Richemont, des comtes d’ Eu, de la Marche ( Bernard, frère du comte Jean IV d’Armagnac, et conseiller du roi) , de Foix, de Comminges, de Castres et de Perdriac (frère du comte d’Armagnac), le vicomte de Lomagne ( fils aîné du comte d’Armagnac), des seigneurs d’Albret que sont le vicomte de Tartas et son frère le sire d’Orval, vaillant capitaine qui a jadis combattu sous les ordres de l’ aventurier Rodrigo de Villandrando.

Sont également présents, les seigneurs de Tancarville, de Montgascon, fils aîné du comte de Boulogne et d’Auvergne, Philippe de Culant, amiral de France, et une infinité de belle noblesse puisque derrière le souverain et les grands seigneurs se tenaient « plus de sept a six vingt barrons et bannières et toutes ces gens en bataille en moult belle ordonnance et en grands habillements de chevaux et de harnois couverts de soye et d’orfevrerie » ( hérault Berry - édition de 1654 sous le nom d’Alain Chartier)

Autant de seigneurs, nobles, capitaines et vieux routiers, « fleur de droites gens d’armes » accourus à l’appel de Tartas.

Point de troupe anglaise au rendez-vous. Seule une escarmouche est signalée à l’est de la ville. Point de bataille. La journée de Tartas ne sera finalement qu’une opération de prestige pour Charles VII "le Victorieux", et le début de la fin de la guerre de Cent Ans qui s’achèvera non loin de là par la bataille de Castillon livrée le 17 juillet 1453.

Le connétable Arthur de Richemont se présente alors devant la porte de la ville. Viennent au devant de lui le seigneur de Cauna et Augerot de Saint Per (Pée), accompagnés de Charles d’Albret leur otage, pour remettre les clés de la ville.

Alors qu’Augerot de Saint Per reste fidèle au parti anglais ( il est même un des conseillers du roi à Bordeaux) et se réfugie à Dax, le seigneur de Cauna s’empresse de faire serment de fidélité au roi de France.

Charles d’Albret peut alors faire son entrée dans sa ville redevenue française .


Le roi se retire chez le seigneur de Cauna, en son château, à deux lieues de Tartas, où il loge le jour de la Saint Jean et le lendemain. Gaston de Foix l’accompagne, alors que le Connétable de Richemont va loger à Souprosse.


le donjon de Cauna (évocaton)

adoubement de Louis de Cauna par Charles VII

Adoubement par Charles VII du chevalier Louis de Marsan de Cauna, gouverneur de Tartas pour le roi d'Angleterre duc d'Aquitaine, qui vient de lui remettre les clés de la ville et jurer d'être désormais francais.

Le lundi matin l’armée se met en mouvement pour rejoindre et assiéger Saint- Sever avant d’y donner l’assaut le Mercredi. Le sénéchal Thomas Rampston y est capturé au combat. Puis c’est au tour de Dax d’être assiégée pendant plusieurs semaines avant d’être assaillie par le Dauphin et occupée le 2 août. Le jeune Gaston IV comte de Foix s’y serait distingué et fait chevalier sur la brèche par Charles VII

La prise de Saint-Sever
(extrait des Vigiles du roi Charles VII)

Le 29 août à Nérac, le connétable de Richemont, veuf depuis peu, épouse Jeanne d’Albret, fille de Charles d’Albret au secours duquel on est venu.

Le roi poursuit sa reconquête fragile de l’Aquitaine. 

L’armée monte sur le Condommois et l’Agenais et enfin La Réole qui se rend le 8 décembre. C’est la fin de cette campagne de 1442.

L’hiver précoce et rigoureux, la disette et la maladie frappant ses gens, obligent le roi à la retraite. Le 23 décembre il part prendre ses quartiers à MONTAUBAN où il reste bloqué jusqu’à la fin février 1443, laissant l’armée sous les ordres du connétable.

Le vieux compagnon de Jeanne d’Arc, LA HIRE, très éprouvé par cette campagne, tombe malade au château comtal de Montauban que l’on appelle alors CASTEL REAL. Son état s’aggrave rapidement et son épitaphe, aujourd’hui disparue, portait « qu’il trépassa le onzième jour de janvier de l’an 1443 »

La Hire

Après la prise de Dax, le comte de Foix, lieutenant du roi en Gascogne chargé de la garde et administration du pays, convoqua, sur ordre du Roi, une réunion des Etats de la sénéchaussée des Lannes pour obtenir des habitants leur consentement à l'incorporation de leur province au royaume de France. Ces états s'assemblèerent à Saint Loubouer le 11 mai 1443. 
Les habitants durent jurer fidélité et obéissance, s'armer pour la défense du pays et la garde des frontières, veiller à la répression du brigandage, (sauf que les barons et seigneurs firent savoir qu'ils n'avaient ni argent , ni vivres, ni chevaux, et demandèrent  à être dispenses de la garde); d'observer les traités et ne pas en conclure de particuliers, ne pas fournir de vivres aux anglais.... Le comte de Foix assurait aide et assistance pour la sécurité et défense du pays . Un sénéchal, Bernard de Béarn, nommé par provision de Charles VII le 9 janvier 1443, fut même installé. 

Mais déjà Dax avait été reprise par les gascons restés fidèles au parti anglais, tels Per-Arnaud de Saint Cricq, Louis d'Aspremont seigneur d'Orthe, et le seigneur François de Gramont. Après un raid de nuit, la ville fut prise dès le 24 août avec le soutien de la population locale. Le capitaine français, Arnaut-Guilhem de Vergoignan, écuyer du comte Jean IV d'Armagnac,et trente hommes d'armes de sa garnison, furent faits prisonniers après l'assaut du château le 27 août 1442.

"Pendant ce temps dessus dit, les Anglos se assamblèrent ung certain jour, et, par moyens qu'ils avoient, reprinrent la cité d'Acques en Gascogne sur les François ... Duquel le roy de France fut très-mal content, pour ce qu'il avoit perdu si en haste et par malvaisx soing ycelle cité, que assès largement avoit cousté au conquerre" ( Chronique d'Enguerran d Monstrelet)

La ville ne capitulera définitivement qu'en juin 1451 après quelques semaines de siège par les troupes de Charles II d 'Albret et Gaston de Foix.

une entrée du comte de Foix dans une ville conquise (ici, à Libourne)

Voir les récits de la chronique de Guillaume Le Seur sur l'Histoire de Gaston, comte de Foix publiée par Henri Courteault pour la Société de l'histoire de France -Paris 1893- qui évoque en détail le siège et la prise de Dax en aout 1442 (p. 1 et ss), le second siège et la prise de Saint-Sever en octobre 1442 (p.24 et ss), et la prise définitive de Dax en juin 1451 (p.106 et ss).

Un autre récit de la prise de Saint-Sever en juin 1442

Jean de Wavrin – Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF

Aprez que le roy Charles de France eut ainsi mis en son obeissance la ville de Tartas, luy et son armée sen allerent devant Saint Severe, ou tout le plat pays sestoit retrait, et y avoit chincq fermetez dont les deux premieres furent prestement prinses par les gens du dauphin, ou ils se logerent, et peu de jours aprez prindrent les gens du roy la troizieme ; puis fut commande par le roy quon assaillist la quatrieme ; auquel assault les Anglois firent de grans resistences et y eut moult belles apartises darmes faites tant dune partie comme dautres ; mais ceste deffence leur fut de petite valleur, car ilz furent reboutez et moult vigoureusement poursievis jusques a la porte du maistre chastel, lequel sans commandement ne ordonnance du roy fut assaillis tres vivement par les Francois ; et dura ce darrain assault environ de trois a quatre heures moult terrible et merveilleux, si furent en la fin ceulz de lains concquis par le coste que faisoit assaillir le connestable de France, et y furent mors promtement environ neuf cens des assieges et prins Guillame de Rameston, avec luy aulcuns autres nobles en petit nombre ; et y eut des Francois mors environ trante.

 Un autre récit de la prise de Dax en août 1442

Jean de Wavrin – Recueil des croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne – manuscrit BNF

Aprez la prinse de cette ville de Saint Severe et que le roy y eut ses gens rafreschy douze jours il s’en alla mettre le siege devant la ville dAcques, ou il fut bien chincq semaines, car devant lune des portes y avoit ung moult fort bolewert, lequel aprez quil eut este durement batu de gros engiens du roy avec aulcuns quartiers des murs de la ville abatus, fut assailly bien lespace de chincq grosses heures continueles tres asprement prins par force environ jour faillant, si y furent mors dix ou douze Anglois et plusieurs Francois navrez. Aprez laquele prinse on fist retraire toutes manieres de gens de par le roy pour eulz reposer, excepte ceulz quy furent commis a la garde dudit bollewert ; et le lendemain matin ceulz de la ville doubtans quon ne leur livrast nouvel assault se rendirent tous a voullente, excepte le seigneur de Montferrant quy la estoit capitaine, et Augerot de Saint Per, lesquelz sen allerent le baston au poing, at avec ce promist ledit seigneur de Montferrant de rendre et mettre en la main deux forteresses quil avoit aupre de Bordeaux ; pour sceurete de laquele chose bailla son filz en hostage quy demoura prisonnier tres long tempz par ce que celluy seigneur de Montferrant pour ce lqul ne voullot mie adcomplir ce que promis avoit.

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La journée de Tartas occupe une large place dans la chronique du connétable Arthur de Richemont. Elle est également évoquée par les chroniques de Berry et de Monstrelet. Si tous sont en accord sur l'ensemble général des faits, il existe quelques légères différences de dates sur les mouvements de l'armée française autour de la place.

Tandis que Richemont précise que le roi se trouva au jour dit de la Saint-Jean devant Tartas, Gruel indique qu'il s'y rendit une journée plus tôt , le samedi, veille de la St Jean. Et, tandis que Berry prétend que l'armée leva le camp de lendemain de la reddition, le dimanche, Gruel dit qu'elle attendit le lundi pour déloger.
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